La Fausse livre d’or Yórgos Tzavéllas / 1955

Quatre histoires suivant le parcours d’une fausse pièce d’une livre en or…

Légers spoilers.
 

Curieuse impression, lorsqu’on explore le passé des différentes cinématographies, de reconnaître d’un coup d’œil de quel bois est fait un classique : de celui du cinéma à proprement parler (d’un regard et d’une mise en scène qui transcendent les normes de leur époque, quand bien même ils peuvent s’inscrire dans des mouvements esthétiques plus larges) ; ou alors du monde des “objets culturels”, au sens de films qui sont d’abord les doudoux nationaux et nostalgiques d’une génération, avant d’être des œuvres de cinéma (comme purent l’être, en France, certains films de Fernandel). Des fictions qui respirent immédiatement quelque chose de leur temps, de l’ordre d’une docilité aux modes et à l’esprit de leur époque…

La Fausse livre d’or, anthologie de quatre courts-métrages discrètement reliés par un fil narratif et par le thème commun du rapport à l’argent, s’impose d’emblée comme tenant de la deuxième catégorie : une comédie réglée, dont la mise en scène s’agite plus qu’elle ne regarde, avec son avis déjà arrêté sur le monde – ne cherchant pas plus de mystère dans ce qu’elle filme que ce qu’énonce déjà la voix-off, qui explicite tout ce qu’il y a à pré-penser du récit.

Néanmoins, dans ce cadre limité qui est le sien, le film est un champion toutes catégories, et on comprend aisément son succès en salles. Sa réussite tient à un investissement complet (récit dense à rebondissements, technique irréprochable, bons acteurs) et à un ludisme fréquent (les taches de couleurs, la salle du crime à vider par morceaux dans les égouts, les différentes versions de la séance de pose…). Finir le film sur un récit non pas lacrymal mais doux-amer, avec les personnages les plus intelligents de cette ronde narrative, aide grandement à en garder une bonne impression.

Bref, si l’on ne regarde pas de trop près les ressorts de son scénario (remarques misogyne à la kilotonne, riche proprio qui se paie littéralement l’affection d’une gamine…), cet “objet culturel national” est une plutôt bonne pioche, à défaut d’être du grand cinéma.

Η κάλπικη λίρα / I kalpiki lira en VO,
The Counterfeit Coin à l’international.

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