Les élèves d’un Lycée de la banlieue de Tokyo voient leur comportement modifié par l’approche d’un typhon.
Légers spoilers.
En comparant ce film à Sailor Suit and Machine Gun, le premier grand succès public de son réalisateur, un point commun se fait jour : l’avachissement général. Sur un tel pitch, on s’attendrait à voir une stricte vie scolaire voler en éclats à cause d’une situation inédite (l’enfermement de quelques élèves dans le collège la nuit), sous le règne des éléments et des hormones. Or, les élèves sont d’emblée blottis dans la tiédeur d’un désœuvrement nauséeux. Les cours ne sont pas écoutés ni suivis, le collège est un moulin, la chaleur de l’été écrase, et déjà tout le monde est affaissé. Ils sont innombrables, ces moments où les personnages sont littéralement allongés par terre, affalés, dans une sorte de langueur enfantine qui les fait se coller les uns aux autres, se chamailler mollement à coup de bras flasques ou de pieds vaguement agités.
Contre le récit attendu (celui d’une libération, d’un exutoire) s’impose donc un film continuellement égal, dans cette attente qui ménage quelques moments hypnotiques, et d’autres plus ennuyeux. Les collégiens, aux parcours peu dessinés ou dramatisés (au point que les tourments philosophiques évoqués semblent parfois artificiellement scotchés sur leurs péripéties), en arrivent à jouer les corps Antonioniens, immobiles et neutralisés, interrogeant du regard le monde autour d’eux. Le film n’avance finalement pas tant par le récit que par à-coups brutaux, saillies outrées semblant tout droit sortir d’un pinku sadique (le garçon torturé par cinq filles, l’acide versé dans le dos, la tentative de viol…).
Sans cesse désamorcé par la manière languissante de Sōmai, Typhoon Club est moins narratif et émouvant que le teen-movie euphorique qu’on aurait pu rêver – mais c’est aussi un film plus étrange et flottant, parfois doucement onirique, comme somnambule, à l’image de ses plan-séquences : observant tranquillement la situation, mais ne semblant pas toujours avoir une destination précise (ni s’en soucier), n’ayant que peu prise sur l’action et le concret des évènements. On pourra y voir au choix une indolence charmante (avec ses quelques pépites, comme cette scène de reggae), ou une note d’intention qui peine à s’incarner.
Taifû kurabu en VO. (F)